samedi 28 mars 2015

Un autre point de vue

Suite à la critique précédente, un autre lecteur, "fan" de JC Michea, attaque à son tour le libéralisme. Décidément, le libéralisme constitue bien la pomme de discorde actuelle entre catholiques. Ceci promet des discussions passionnantes autour de la doctrine sociale de l'Eglise.

Sur le libéralisme je crois que celui-ci est autant une impasse que le communisme.Certes il a des effets apparemment positifs mais c'est au prix d'un épuisement des individus et de la planète. Aujourd'hui il repose sur une quasi mise en esclavage des producteurs (en Asie, mais voir aussi les paysans en Europe).On a tort de penser qu'on ne peut vivre autre chose.
 
Il repose à la base sur des erreurs théologiques concrétisées à la Réforme mais s'enracine également dans le mouvement de modernité de la fin du moyen âge, symbolisée par la primauté abusive de l'individu qui n'est plus à l'image de Dieu, mais devient son propre créateur, comme le montre un texte de Pic de la Mirandole sur la Création. La conséquence est qu'il va falloir trouver un autre moyen de régler la vie en société, radicalement différent des sociétés traditionnelles qui étaient régies par des codes de fonctionnement et une transcendance acceptée. La solution trouvée sera le libéralisme qui repose sur l'échange marchand qui tient lieu de lien social et la mise en œuvre d'un système juridique pour régler les rapports entre les personnes. En effet on ne saurait plus accepter de transcendance véritable car c'est une atteinte à l'homme tout puissant.
 
Par la suite on a théorisé cela avec le mythe des guerres de religion : la transcendance conduit à la violence, donc construisons la société sur la base du minimum pour organiser le "vivre ensemble". C'est "l'empire du moindre mal" si brillamment décrit par JC Michea.
 
On voit que la liberté d'entreprendre est ici anecdotique, c'est une différence beaucoup trop mise en avant avec le communisme issu aussi de la pensée libérale. Le système libéral est donc a combattre avec la plus grande fermeté tant il est aux antipodes d'une conception chrétienne de la société.
 
La doctrine sociale de l'église a justement comme caractéristique de se situer sur un autre plan que libéralisme et communisme qui sont de visions religieuses totalitaires de la société (sans distinction des pouvoirs). Elle énonce des principes qui ne sont en aucun cas la définition d'un système. Il est donc fondamentalement faux de dire que c'est un intermédiaire entre ces deux systèmes, qui sont en fait deux aspects d'une même pensée dont il faut s'extraire pour imaginer autre chose.Mais on a du mal tellement on est dedans !
 
Dans tous les cas aucun système ne peut apporter le paradis sur terre, puisque le Royaume n'est pas de ce monde, marqué par le péché originel.Et donc la première chose que demande le christianisme est de lutter soi même pour édifier le bien, car le mal n'est pas externe il est d'abord en nous. Toute autre approche de système revient à se déresponsabiliser et à désigner un bouc émissaire (les patrons dans le communisme, les faibles dans le libéralisme)  et de solutions toutes faites. Finalement, notre liberté de faire le bien a disparu puisque c'est le système qui sauve et l'homme émancipé devient esclave.


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